La soirée s’annonçait plutôt tranquille, alors qu’Ossian arrivait sur les lieux, Gaël était en train d’invectiver le Prince Milan Zarkos. Ce dernier avait demandé à la cité d’exprimer ses doléances, toutes ses doléances. Mais les jeunes, et les moins jeunes, vampires de la cité n’avaient pas saisi la pleine mesure de la demande du seigneur. L’ancien gangrel se fit de bonne grâce le guide des plus jeunes tout en soulignant le ridicule de la situation, dénotant ainsi les faiblesses du Prince.
En effet, combien d’entre ces créatures nocturnes avaient pensé à redemander la permission d’entretenir des goules, ou de conserver son territoire de chasse ? Qui avait pensé à demander l’aide du Prince pour éliminer la quantité de menaces pesant sur leurs pauvres âmes damnées ? Il existait toutes sortes de réclamations, de prières, de mises au point, et autres supplications que les noctambules auraient pu déposer à l’intérêt du Prince. Mais aucun n’avait rien fait. Alors, Fleury de Mérogis, le Sénéchal de la principauté, avait rappelé de vieilles rancœurs oubliées qui pouvaient demander un arbitrage. Puis, le Prince permit à tous de reprendre ses activités, et Gaël s’entretint avec les siens.

Alors que Gaël expliquait à Otto, Millarca et Ossian certaines affaires propres à leur clan, le Prince vint les rejoindre, s’ensuivit une rixe oratoire entre le Prince et Ossian. Ce dernier semblait ne pas saisir la juste mesure du danger qui planait sur sa pauvre existence de nouveau-né, mais il semblait avoir de nombreux griefs à l’encontre du vieux Prince Ventru. Probablement, la fougue du jeune gangrel avait pour but de défendre son Ancien. Mais, avait-il raison de s’impliquer dans un conflit centenaire entre deux anciens aussi puissants ? Gaël mis fin à l’emportement croissant d’Ossian. Le Prince retourna siéger en invitant prestement Ossian à mesurer ses propos…

Quelque temps plus tard, les doléances furent lues en publique par la jeune harpie de la cité. Le clan gangrel obtint le droit de traquer un garou rendu fou par les manœuvres anarchs, ainsi, tout gangrel en chasse a la permission de traverser tous les territoires de la praxis. Les Brujah gardèrent Nanterre, car après la friction entre Ossian et le Prince d’Ys, ce dernier ne pouvait répondre favorablement à la requête de Kaos Factor d’aller s’installer sur Nanterre. D’autres doléances touchant en particulier le clan nosfératu furent énoncés.
Le Prince prit une autre décision, étant donné le changement qualitatif de la population d’Ys, il lui sembla nécessaire de revoir les territoires de chasse. D’autant que certains jeunes caïnites auraient excédé la mesure quant à leur sustentation.

Alors que la soirée continuait dans le calme, le Prince Milan Zarkos vint faire une ultime déclaration, et non des moindres. Il déclara avoir remis la cité sur pied, réalisant ainsi le vœu des vampires qui l’avaient appelé sur le trône. Il avait remis en ordre une cité décadente, et son œuvre achevée il était temps pour lui de se retirer. Ce qui anime la raison des anciens restera à jamais obscure aux plus jeunes, et l’Elyséum ne comprit pas les desseins de l’ancien Prince. Cependant, la jeunesse de l’Elyséum eut ceci de bon qu’elle ne pu laisser la situation pourrir ainsi. Et très vite, chacun se mit à évaluer les forces en présence, à calculer, repérer et nouer des alliances. Rapidement trois noms sortir du lot, Fleury de Mérogis bien sûr, qui, de par son ancienneté dans la cité, et sa connaissance de chacun avait l’avantage.

Cependant, Belgarde, ancilla du clan Nosfératu, nouvellement arrivé sur la praxis, semblait avoir le soutien de son clan, et ne pas refuser le pouvoir s’il se présentait à lui. Pourtant, la principale alternative à Fleury de Mérogis, était l’ancilla du clan brujah, récemment présent sur la cité lui aussi. En effet, Léonide présentait la force, le renouveau, et la vigueur d’un nouvel ordre. Moultes discussions eurent lieu, des tractations aussi discrètes que volatiles furent scellées, sans compter les amitiés mises à mal et les inimitiés refoulés sous les discours politiciens. Telles furent les courtes heures qui s’égrainèrent jusqu’au moment où Léonide, Fleury de Mérogis, et Belgarde montèrent sur la scène. Fleury prit la parole pour annoncer que la cité semblait se rallier derrière elle, et que malgré ses réticences et sa discrétion habituelle (allégations qui en firent rire plus d’un) elle acceptait de prendre la tête de la cité. Fleury de Mérogis, Princesse d’Ys, la foule peu nombreuse ressentit tout de même le tressautement étonné de certains. Alors, Léonide prit la parole, en colère il annonça qu’il n’était pas d’accord avec cette auto-proclamation, il partit donc furieux, il ne reconnaissait pas la nouvelle princesse. A sa suite sortir Zakaria et Ossian formulant à leur tour le refus de leur coterie, Kaos Factor, d’approuver une telle mascarade.

Etait présent lors de cette soirée un représentant de la justice qui avait prévenu certains que la justice n’avait que peu d’estime pour cette cité. Les vampires présents ont-ils mesuré la portée de leur acte ? Avoir mis une descendante de Mélésias à la tête d’une cité déjà méprisée était-il un choix judicieux ? De plus, la colère du prétendant Brujah était-elle une bonne chose pour une cité en manque de crédibilité ? Le fait qu’une malkaviane prenne les rênes d’une cité aux frontières du Paris Sabbatique n’avait rien de rassurant, surtout quand cette même malkaviane, avant de devenir Prince avait choisi pour Bailli et Prévot un jeune malkavian inexpérimenté… La cité d’Ys retrouvait une vitalité après de nombreuses nuits maussades à résister contre les attaques qui l’assaillaient de toutes parts, mais à quel prix tout cela ?

Ossian en rentrant à son havre avait peur pour la cité, il avait survécu à l’affrontement contre le garou qui l’avait affaibli la veille de la soirée, mais il se demandait si Ys résisterait longtemps encore aux harcèlements fréquents du Sabbat, sans compter les sursauts anarchs, ni les meutes garous qui affluaient du Sud pour traquer certains de ses frères, ni bien entendu toutes ses choses mystérieuses qui se cachaient dans l’obscurité des Hauts de Seine… Heureusement, l’hiver approchait, les jours commençaient à raccourcir de façon significative, et il allait pouvoir ouvrir l’œil plus longtemps… L’équilibre, voilà ce que cherchait Ossian, et demain soir comme tous les soirs, il irait s’entraîner au sabre à la lumière de la Lune pour ensuite se transformer en loup et ne faire qu’un avec la nature… Prédateur, il l’était devenu par la force des choses, mais il restait une part de la Terre, un individu qui pouvait influencer la marche du monde à son échelle, la cité d’Ys.


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