Moi, Claude Grainte, Ambassadeur de la cité d’Ys, continue, malgré les malheurs qui frappent notre cité, de narrer ici aux Semblables sa gloire et sa tristesse.

Le 15 décembre de l’an 2000 de l’Incarnation, avant l’entrée dans un factice troisième millénaire, nombreux étaient les caïnites présents :

-étaient nouveaux venus en cité d’Ys : Vladimir, nouveau-né Malkavian; un autre nouveau-né de ce clan qui se faisait appeler de multiples façons : Jonathan Lockerbye, Loki, et que sais-je encore; Armand de Vitry, de la lignée de Luther de Vitry, nouveau-né Toréador

-de la cité de Paris : Mr Constantine, ancilla Ventrue, conseiller de Nathanaël; Pixelle, nouveau-née Brujah, Harpie; Triskelle, nouveau-né Gangrel, Harpie et Sentinelle; Yaëlle de Morterose, nouveau-née Toréador; Bellophon O’Pennmoor, nouveau-né Malkavian; Kristen Falgand , infant Tremere, pour la soirée sous la responsabilité de M. Constantine

-des marches du Nord, aux alentours de Lille : Donatien Chevalier et Brendan O’Connor, ancillas Gangrels

-de Strasbourg : Esther Lienhart, ancienne et primogène Malkavian, Maître des Harpies

-d’Arpajon : Ménélias, nouveau-né Tremere

-de Chantilly : Zazou, nouveau-née Malkavian, et Diane, nouveau-née Brujah

-le marquis de Chartres, Esteban Aguilas y Sendilla, prétendant Ventrue

Arrivant tôt, je regrettai l’absence de ma douce Concorde, dont l’aimable compagnie aurait vaincu l’ennui des débuts de soirée. Yann le Braz était le nouveau gardien de l’Elyseum et je le saluai alors qu’il me laissait rentrer.

Après la présentation au Marquis, qui me permit de mémoriser les noms des caïnites présents, nous n’eûmes guère le temps de discuter; en effet, le diaboliste Hans Grübert avait été il y a peu appréhendé, et son “jugement” allait avoir lieu. Chânt Leffroy, Régent, ne pouvant pas rester pour urgences dans ses affaires personnelles, Mélésias déclara que le Bailli allait prononcer la sentence, et qu’il se retirerait pour affaires en lui laissant tout pouvoir. Le clan Tremere s’avança alors pour demander que Hans Grübert soit déféré devant la justice interne du clan, vu l’opprobre que ses actions avaient jeté sur le clan. Ils apportaient avec eux un message d’un ancien Tremere, régent dans leur hiérarchie. Mélésias déclara alors qu’il tenait au Bailli de voir si leur demande était ou non acceptable, puis il se retira.

En fait de procès, Fleury de Mérogis, notre Bailli, comptait simplement appliquer la sentence de la chasse de sang qui avait été prononcée comme je le rappelais contre Hans Grübert, d’abord par Luther de Vitry, au temps ou il était Marquis d’Ys, puis confirmée par Son Altesse Sérénissime, François Villon, c’est-à-dire : la Mort Finale. “J’avais confiance en la justice de la Camarilla, elle m’a trompé” cria Hans Grübert.

Les cris et le bruit furent nombreux durant ce “procès”, à tel point que le silence fut demandé à plusieurs reprises, et le plus souvent ni par le Prévôt, ni par le Gardien de l’Elyseum, mais par l’aubain du clan Giovanni, Conrad Dunsirn à qui d’ailleurs Fleury repprocha s’approcher de trop près du fauteuil du Marquis. La tension allait croissant.

Certains membres du clan Tremere n’ayant pas bien compris la situation, c’est-à-dire M. de Merville, M. Legrand et (m’a-t-on dit) M. Travallian, réclamèrent une révision du procès d’Hans Grübert. Sans doute par humour propre à son clan, Fleury nomma Charles-Hubert de Merville avocat de Hans Grübert. Dame Lienhart intervint assez rapidement auprès de lui en disant que la Camarilla ayant décidé, c’est à elle d’appliquer la loi; s’ensuivit une discussion animée.

Mr Constantine, une fois le ton un peu diminué, plaida en favuer de ce qu’il a connu des Tremere aux USA, à savoir une cruauté certaine qui ne pourrait que nuire à l’ “accusé”.

Après d’âpres débats et plusieurs demandes de retour au silence, ainsi qu’une tentative avortée de Hans Grübert de s’échapper, tentative qu’il recommença, par ailleurs, il fut envisagé de désigner un jury, composé d’un membre de chaque clan de la Camarilla. Luther de Vitry refusa qu’un Toréador participe a une “mascarade de procès”, étant donné qu’il avait déjà condamné le Tremere renégat à la mort finale.

Alors vint enfin une idée réalisable : que le bourreau Tremere et celui de la Camarilla agissent de concert. Mais le temps que cette idée fasse son chemin dans l’esprit de tous les caïnites présents et que les Tremeres fassent une demande acceptable, à savoir que Hans Grübert soit détruit dans leur chantrie, en présence de témoins, Fleury, rendue hyperénervée par le bruit, laissa totalement échapper les différentes facettes de sa folie (qui se libérait déjà par soubresauts d’actions incongrues); et, les larmes aux yeux, remplie de colère furieuse et irraisonnée, elle nous cria d’aller tous aux diables, sortit de l’Elyseum en claquant la porte.

J’entendis à peine Luther de Vitry exiger des excuses publiques pour cette conduite, me précipitant à sa poursuite.

N’ayant pas l’habitude de suivre mon amie comme un espion, il m’était totalement sorti de l’esprit d’utiliser mes capacités extra-humaines pour la retrouver. Il faut avouer que l’ambiance de panique de son départ n’arrangeait rien. Bref, je ne réussis pas à la retrouver, cependant, dans mes détours par les lieux qu’elle avait l’habitude de fréquenter, mon attention fut plusieurs fois attirée par des oeuvres d’art originales, voire bizarres; et c’est assez tard que je retournais en Elyseum.

J’appris que les Tremeres avaient mis au point un rituel pour epêcher Hans Grübert d’utiliser ses pouvoirs. Finalement, le diaboliste s’était retrouvé dans une pièce avec Maël et M. Legrand. Selon Blake, Maël, dominé par Grübert, aurait commencé à le diabler, mais M. Legrand intervint en arrêtant de deux mains brûlantes les caïnites, puis en détruisant par ce moyen Hans Grübert.

On vit donc un Maël Travallian avec une cicatrice de main sur la figure pendant le reste de la soirée.

Apparut alors une caïnite hors norme, peu vêtue, provocatrice, elle se présenta comme Amaranthe de Mérogis, infante et fille de Fleury de Mérogis. Elle portait un morceau de papier dans sa main et fit beaucoup de bruit en refusant de le fournir, entre autre à son ancienne, Dame Lienhart. Elle résolut le problème d’elle-même en mangeant le papier.

De mon côté, je recevais un appel au secours de Fleury, qui me donnait rendez-vous dans son havre, car elle s’échappait d’un piège qu’on lui avait tendu. L’appel fut brusquement coupé, et je demandai à Sulliec et Yann le Braz de m’accompagner au lieu prévu. Là, nous retrouvâmes un tas de cendres avec au milieu une bague appartenant à Fleury. Nous recueillîmes précieusement ces cendres et, une fois en Ys, Henri Sporate nous dit, après les avoir examinées, que selon lui elles étaient les cendres de Fleury. Cela eut un tel effet sur Sulliec qu’il tomba en torpeur à l’instant, et Yann le Braz le ramena dans son havre.

Peu après, Mélésias fit son entrée. Une grande colère se dégageait de lui, palpable à telle point qu’elle infiltrait mon esprit, habitué d’habitude à capter les sentiments plus calmes d’un auditoire. Il entra, suivi de Trinité, de son Infant, “Coude d’Acier” en fait Requiem (ex-Silence, ex-Murmure), et d’un troisième caïnite, barbu, inconnu. Les rumeurs qui suivirent les évènements parlèrent, entre autres, d’un garde du corps assamite.

Le clan Toréador dans son ensemble le suivit, se plaça derrière lui, marquant ainsi l’autorité qu’il nous donnait, et se répandit dans la salle. J’ordonnai, suivant les ordres du Marquis, le silence ABSOLU. Hélas, pendant l’élocution pourtant courte du Marquis, certains caïnites semblèrent ne pas comprendre la signification des mots “silence absolu” et marquèrent leur mépris de l’autorité du Marquis en parlant alors qu’il s’adressait à tous. Que ce fut le cas de Diane, du clan Brujah, est compréhensible, mais il est plus étonnant que des membres du clan Ventrue dûssent être rappelés à l’ordre. Ce fut en effet le cas de M. Aguilas y Sendilla, mais aussi de Mr Constantine. Ma réaction envers lui fut, il est vrai, bien trop disproportionnée, elle s’explique je le pense par cette colère qui occupait toute mon humeur. Je réitère donc ici mes excuses envers Mr Constantine et le clan Ventrue en espérant que son ire envers un “jeune crétin” ne s’étendra pas à une inimité durable entre nos deux clans, et en l’invitant à régler le problème, si problème il y a, avec Mélésias (d’après les propres paroles de mon Marquis).

Mélésias réprimanda durement l’assemblée pour sa conduite envers Fleury. Il déclara qu’il punissait les clans Brujah, Gangrel et Tremere, dont les Primogènes étaient destitués jusqu’à nouvel ordre, et de plus il diminua le statut de MM. Ahriman et Charles-Hubert de Merville, maintenant infants sous la responsabilité de Maël Travallian.

Une fois le calme revenu, un autre trouble-fête apparut : Evidence, accompagné de deux anarchs. Il venait parler des territoires de chasse, dont le partage définitif, symbolisé par une magnifique carte, rehaussée de superbes couleurs, vives et brillantes, réalisée par Ambrose de St Hilaire, avait été remise à Mélésias. Il réclamait pour son mouvement certains territoires, dont celui situé aux alentours de Vélisy, en marge du domaine d’Ys, et était venu se plaindre du fait que ses émissaires, innocents dans cette affaire, aient été si brutalement détruits.

Pour Mélésias, le problème était interne aux clans; en effet pour lui, les anarchs étaient issus d’un clan précis, et pouvaient chasser sur le territoire de leur clan, tant qu’ils respectaient les règles de la Camarilla, car alors la Camarilla les respecterait. Les anarchs n’étaient bien sûr pas d’accord avec ce point de vue.

La situation commença à dégénérer, et le Prévôt voulut intervenir; malheureusement pour lui, il reçut une balle en plein front. Mélésias demanda à Yann le Braz de raccompagner Evidence, les deux anarchs restant ici. Mais devant l’agressivité dont commençaient à faire preuve certains caïnites, Evidence choisit de se replier, protégé par un de ses compagnons, qui avait de plus dérobé la si belle carte des territoires. Matthias Denis sortit alors en plein Elyseum une arme à feu et commença à leur tirer dessus; il m’a même été rapporté que M. Di Fosca fit lui aussi de même. Néanmoins, une grenade permit aux anarchs de s’enfuir rapidement. Le dernier anarch resta cependant un certain temps à discuter avec Mélésias : peut-être servira-t-il de liaison plus tard avec cette faction rebelle?

M. le Braz m’expliqua par la suite qu’il n’était pas d’accord avec le fait d’avoir détruit 2 anarchs “pacifiques émissaires”, ce que le Marquis respectait parfaitement, et que cela avait mené après tout à devoir accepter qu’Evidence et ses sbires rentrassent armés pour pouvoir discuter, leur sécurité n’étant pas assurée.

Il fut bien sûr décidé de ne donner aucun territoire aux anarchs. Les problèmes de braconnage sur le territoire de chasse du clan devaient être référés soit au Prévôt, soit au Marquis lui-même.

Pour son attitude en Elyseum, M. Denis redevint infant, sous la responsabilité de M. Di Fosca. Je tiens ici à préciser, sur la demande de M. Denis, que lorsqu’il sortit un fusil à pompe de son manteau pour tirer sur feu mon ami Mickaël Galantinov, il ne l’avait pas en Elyseum, mais l’avait sorti juste avant du coffre de sa voiture, garée près de là. Il n’était donc pas responsable d’un bris d’Elyseum, “seulement” d’un quasi-bris de Mascarade.

Le seul et dernier élément notable, en fin de soirée, fut la soudaine crise d’Eric Vallien qui se mit à déclamer un à-peu-près des paroles de Jésus-Christ à la Cène, reprises dans le rite chrétien du sacrement de l’Eucharistie, puis une version horriblement déformée (il prit le coeur sanglant, le rompit, et le donna en disant : “mangez-en tous, pour la damnation éternelle”). Il n’avait aucn souvenir de cette action.

Le Marquis parla encore avec de nombreux caïnites, et la soirée prit alors fin.

Tels furent les évènements en cette nuit. Que l’Histoire nous apprenne à être sage.


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